Détresse maternelle et conséquences sur le bébé: mythes et réalités
Si vous vous inquiétez des conséquences de votre détresse sur votre enfant et sur votre lien avec lui, c’est que vous êtes consciente de la portée de ce vous traversez et que vous êtes encline à agir: bravo! Vous n’avez pas à vous sentir coupable de ce que vous traversez et votre bébé a une maman dont il peut être fier. Mama Joia fait le point avec vous sur les conséquences réelles et potentielles de votre état émotionnel sur votre bébé.
Les conséquences de vos pensées négatives sur le bébé
La détresse maternelle s’accompagne bien souvent de pensées négatives récurrentes et très intrusives qui concernent votre rôle de maman et votre bébé. Aussi désagréables que soient ces pensées, elles sont très communes et même les mamans qui ne se considèrent pas en difficulté peuvent en être assaillies. Il existe toutes sortes de pensées négatives et effrayantes: «mon bébé serait mieux avec une autre maman», «j’ai peur qu’il meure», «j’ai peur de le brûler avec l’eau du bain/ de le faire tomber/ de le blesser avec un objet/ de ne pas être en mesure de le nourrir suffisamment», «je me demande si je l’aime vraiment/ si je l’aime assez», etc. En fait, ces pensées n’ont pas d’impact direct sur votre bébé et s’avèrent même utiles car elles permettent un ajustement protecteur et adaptatif de la mère à son bébé.
Cependant, lorsque ces pensées sont trop envahissantes, qu’elles s’accompagnent de comportements compulsifs (le fait de «sur-vérifier» que le bébé va bien, par exemple) ou encore qu’elles figent les comportements de soin, elles mobilisent les ressources de la mère, l’épuisent et pourraient avoir une influence sur ses perceptions (par exemple, celle du risque que court son bébé). Une anxiété élevée pourrait avoir des conséquences négatives sur la relation entre la mère et son bébé en termes d’accordage, c’est-à-dire de la capacité de la mère à lire les besoins réels du bébé au moment où il les éprouve et donc d’y répondre avec justesse.
Il est possible par ailleurs que ces pensées vous fassent vous sentir encore plus coupable: «si j’étais une bonne mère, je n’aurais pas ces idées». Pourtant, ces pensées ne disent rien de vous et de qui vous êtes- ni comme personne, ni comme maman: elles ne sont que les symptômes des difficultés que vous traversez, et une manifestation de votre anxiété. Le fait que vous vous inquiétiez des conséquences de ces pensées sur votre bébé est une bonne chose: cela prouve votre désir de changement pour réussir à mieux contrôler ces pensées négatives et réguler vos émotions pour améliorer votre sensibilité aux besoins réels de votre bébé.
Votre bébé perçoit aussi le positif
Une des spirales infernales que vivent les mamans en détresse, consiste à se torturer avec le fait que leur bébé ressentirait toute la dimension de leur anxiété et de leur tristesse, et qu’elles lui causent ainsi du tort. Qui n’a pas entendu «maman heureuse, bébé heureux», ou encore «les bébés sont de véritables éponges, ils absorbent tout», «elle pleure beaucoup aujourd’hui/ dort mal en ce moment/ prend moins bien le sein.., c’est probablement parce qu’elle ressent ton stress», etc.
Il ne s’agit pas ici d’avancer que votre bébé ne reçoit pas votre tristesse et/ou votre stress; il s’agit plutôt de se dire que ça n’est pas là qu’il est bénéfique de placer le focus: si votre enfant perçoit vos émotions négatives, alors il perçoit tout autant la force, la combativité, l’empathie dont vous faites preuve. Votre enfant n’a pas une maman qui va mal, il a une maman qui se bat. Et ça, c’est très inspirant pour n’importe quel humain qui vous côtoie. La vie, pour tout le monde, est faite de hauts et de bas. Montrer à son enfant que les bas existent et qu’on peut s’outiller pour y faire face, est une leçon de vie extrêmement bénéfique et précieuse.
Enfin, vous n’êtes pas la seule personne qui peut influencer votre bébé: il bénéficie également des émotions, des comportements et de la sensibilité des autres personnes significatives qui prennent soin de lui.
Vous ne vous sentez pas très connectée à votre bébé? Bonne nouvelle: le lien d’attachement, ça se travaille
Le lien d’attachement précoce entre la mère et l’enfant est un sujet encore très tabou (vous pourrez aussi en apprendre plus ici sur l’attachement difficile), pourtant il est loin d’être aussi spontané qu’on ne le prétend, ou qu’on voudrait qu’il soit. Bien sûr, certaines mamans tombent amoureuses de leur petit à la seconde où elles ont posé leur regard sur lui, mais d’autres vont devoir adopter leur enfant. C’est un processus sain et normal qui s’opère plus ou moins rapidement selon les personnes. Là où il est nécessaire de s’en inquiéter, c’est lorsque ce processus est cause de souffrance pour la mère et/ou le bébé: on parle alors de difficultés d’attachement. Ces difficultés sont souvent peu dissociables de la détresse maternelle.
Face à cet état de fait, ne courrons cependant pas trop vite aux conclusions drastiques: on peut être une mère suffisamment bonne et avoir de la difficulté à s’attacher à son enfant, l’important étant de vouloir y remédier.
Si vous pensez être concernée, tentez de ne pas vous torturer avec ce que vous pensez que vous devriez ressentir pour votre enfant: les études prouvent que votre bébé est réceptif au fait que vous vous occupiez de lui, même si vous ressentez quelque chose de machinal et de possiblement déconnecté (repli sur soi), ou si vous avez au contraire de la difficulté à vous retenir de perturber les activités de votre bébé (intrusion). Votre bébé, lui, ressent votre présence et votre proximité physique dans les moments comme le bain, le change, les boires, comme étant sécurisante. Choisissez vos batailles et tentez de lui offrir ces moments-là avec constance et prévisibilité et ce, même si votre engagement émotionnel n’est pas optimal: c’est déjà très bien!
D’autre part, même si des conséquences sont observables sur les émotions et comportements de votre bébé, rien n’est figé dans le temps car le cerveau de votre bébé se modifie continuellement en fonction de la qualité de ses relations et de son environnement. De plus, l’intégration d’un modèle d’attachement interne ne se fait pas en quelques mois: les études démontrent qu’il se développe lors des deux premières années de vie de votre enfant. Sachez également que les soins des autres personnes significatives sont aussi importants dans le développement de votre bébé. Avec ces derniers, il crée d’autres types d’attachements et des liens qui peuvent le rendre sécure.
Il n’est pas question d’ignorer que les difficultés d’attachement qui peuvent être associées à la difficulté maternelle ont des conséquences connues sur le développement somatique, cognitif, intellectuel et socio-affectif des enfants. Au contraire, il est important de le savoir pour pouvoir prendre action et en atténuer les effets néfastes à long terme. En tant que maman qui vivez peut-être ces difficultés, vous faites la bonne chose en prenant la responsabilité de vous informer sur ces sujets, et d’aller chercher de l’aide.
Sachez que vous pouvez être soutenue dans le développement ou le rétablissement de votre lien avec votre enfant par la psychothérapie individuelle et/ ou de groupes (contactez-nous pour participer à un de nos groupes «Joia»). Il existe également des moyens d’apporter à votre bébé des expériences de sécurité avec vous au travers d’activités telles que le massage ou la câlinothérapie.