5 façons de réduire votre risque de vivre la difficulté maternelle

La difficulté maternelle et les troubles qui l’accompagnent sont naturellement des manifestations qu’on voudrait à tout prix éviter. Malheureusement, il n’existe pas de plan d’action officiel pour les prévenir. Mais se connaître soi-même, savoir que la difficulté maternelle existe et comprendre comment elle est susceptible d’agir permet de s’y préparer et de réduire son impact. 


1. Connaissez vos facteurs de risque

Toutes les femmes sont à risque de dépression post-partum, mais certaines d’entre elles courent un risque particulièrement accru pendant et après la grossesse, à savoir les femmes qui ont des antécédents personnels de dépression ou d'anxiété, des antécédents familiaux de dépression ou d'anxiété et / ou un manque de soutien (perçu ou réel). Une étude de 2014 portant sur plus de 500 000 mères montre également que les femmes qui n'ont pas d'antécédents de dépression mais qui craignent d'accoucher peuvent être à risque de dépression post-partum. Des angoisses préexistantes, des prédispositions à s'inquiéter ou à ruminer, ou la tendance à avoir des pensées obsessionnelles peuvent fragiliser davantage les femmes au moment d’arriver dans la grossesse, et par la suite. 

2. Élaborez un plan qui inclut des professionnels et vos proches

Si vous avez des antécédents de dépression ou de trouble anxieux, assurez-vous par exemple que votre sage-femme, votre doula, votre médecin, votre gynécologue (...) et tout.e autre professionnel.le qui suit votre grossesse est au courant. Informez-les également si vous avez des parents proches tels que votre mère, votre père ou vos frères et sœurs qui ont des antécédents de dépression ou d'anxiété. Une fois informée, la personne qui assure votre suivi de grossesse peut vous diriger vers ressources adaptées pour obtenir des conseils, entamer ou poursuivre une psychothérapie, ou vous référer à un groupe de soutien ou thérapeutique. 

Votre partenaire devrait également être informé.e des risques accrus que vous avez de vivre la détresse maternelle (par exemple si vous souffrez déjà d’anxiété généralisée, ou si vous avez un historique de dépression), pour pouvoir se documenter sur la question, vous accompagner au mieux et aussi prendre soin de sa propre personne le cas échéant.  Cette préparation sera d’autant plus importante si vous ressentez des symptômes de dépression pendant votre grossesse. 

Vous pouvez également préparez votre village à l’avance avec un plan de relevailles (retrouvez tous les trucs et astuces pour préparer vos relevailles ici, ainsi que notre plan post-natal imprimable). Vous aurez besoin de soutien, que ce soit d’un point de vue émotionnel ou pratique. Ceci est important pour tout nouveau parent, mais cela le devient encore plus lorsqu’on se sait vulnérable car à risque: n’hésitez pas à identifier les proches qui pourront vous accompagner sans juger votre état, et évoquez avec eux à l’avance le fait que vous pourriez être à risque de connaître la difficulté maternelle.

3. Reconnaissez les signes et dites-le si vous ne vous sentez pas bien

Si vous remarquez que vous n’êtes pas vous-même et que vous êtes en proie à des sautes d'humeur persistantes, à une tristesse latente et à l'impression de ne pas avoir de lien avec votre bébé, c’est tout à fait suffisant pour aller chercher de l’aide. Vous n’avez pas besoin d’endurer, vous n’avez pas besoin d’attendre que cela «passe». Demander de l’aide est un acte de force et de solidarité envers vous-même. Ne laissez surtout pas la stigmatisation entourant les problématiques de santé mentale vous empêcher de prendre les mesures nécessaires pour obtenir l'aide dont vous avez besoin. Parlez-en à votre professionnel de santé le plus tôt possible. Si vous avez besoin de plus d’informations sur les manifestations de la détresse maternelle, vous les trouverez ici. 

4. Dormez autant que possible

Avec des boires et des changements de couches toutes les deux heures (parfois moins), avoir un nouveau-né ne permet tout simplement pas d’avoir des nuits réparatrices. Pourtant, on sait bien que la privation de sommeil peut réduire la résistance à la dépression: bien que des recherches complémentaires soient nécessaires pour pouvoir comprendre exactement pourquoi, certaines études ont révélé que le manque de sommeil pouvait avoir un effet direct sur le contrôle émotionnel en faisant baisser les seuils de réaction émotionnelle, ce qui peut jouer un rôle dans la régulation de l’humeur. 

Il n’y a pas de recette miracle, il faut que vous essayiez de compenser le plus possible le manque de sommeil en tentant de faire la sieste en même temps que votre bébé, ou en confiant votre bébé à son autre parent ou à un.e proche le temps de votre repos. 

5. Faites-vous aider si vous éprouvez des difficultés avec l’allaitement

Bien qu'il n'y ait pas de recherche définitive sur le sujet, il semble y avoir un lien de plus en plus clair entre les difficultés d'allaitement et la dépression post-partum. Dans une étude portant sur plus de 2500 femmes menée par des chercheurs de l'Université de Caroline du Nord aux USA, les femmes qui ont des difficultés à allaiter pendant les deux premières semaines après leur accouchement étaient plus susceptibles de souffrir de dépression post-partum deux mois plus tard que les femmes qui rapportaient que leur allaitement se passait bien. Les femmes qui avaient de fortes douleurs dès le premier jour de l'allaitement et souffraient encore deux semaines après l'accouchement, étaient deux fois plus susceptibles de souffrir de dépression post-partum que les femmes qui n'avaient pas de douleur pendant l'allaitement. 

L'étude présente certaines limites, et notamment le fait que les participantes à l'ensemble de données utilisées étaient principalement des femmes blanches, de la classe moyenne et employées. De plus, les chercheurs n’ont pas eu accès à l’historique de dépression des mères. Ainsi, si une mère était déprimée au moment de la naissance, cela peut avoir conduit à des difficultés d'allaitement, et non l'inverse. Mais même si les chercheurs tentent toujours de comprendre les liens entre l'allaitement douloureux et la dépression, les auteurs de l'étude recommandent que les femmes qui ont des problèmes d'allaitement soient dépistées pour la détresse maternelle, afin qu'elles puissent obtenir de l'aide précocement. 

Si l’allaitement est votre choix mais que vous souffrez physiquement ou que vous avez des difficultés d’un autre ordre avec votre allaitement, tel qu’un inconfort psychologique, de l’anxiété, etc. il existe des personnes spécifiquement formées pour vous aider. Vous pouvez contacter des conseillères en lactation et des marraines d’allaitement dans la plupart des villes de France et du Québec.

À Montréal, les CLSC organisent des haltes allaitement en présence d’infirmières qualifiées et de marraines. N’hésitez pas également à consulter les informations disponibles sur les sites de Nourrisource et de la Lecheleague.