L’allaitement est-il toujours la meilleure option?

D’entrée de jeu, la réponse est non. La meilleure option sera TOUJOURS celle qui vous aidera à vous sentir le mieux possible dans votre maternité. Chez Mama Joia, nous sommes partisanes de la pratique qui convient le mieux à la maman et à son bébé, en fonction de leurs circonstances. Les mamans en souffrance après une naissance peuvent ressentir une énorme pression face à l’alimentation de leur bébé: il est temps d’évoquer la réalité derrière l’allaitement difficile. 


La nutrition, cible des injonctions les plus fortes

Lorsque vient le temps d’évoquer la façon de nourrir un enfant, les opinions du monde entier sont souvent d’autant plus tranchées... lait maternel ou lait maternisé, les époques se succèdent et ne se ressemblent qu’en un point: les mamans sont la cible d’injonctions perpétuelles. Au Québec, la tendance est clairement «pro-allaitement»; en soit, il ne s’agit pas de discuter du bien-fondé d’une telle position, mais plutôt de s’interroger sur ce que cela peut provoquer chez une maman en souffrance. Nous entendons toutes parler des multiples bienfaits de l’allaitement: ses bénéfices en matière d’attachement et toutes les dimensions affectives qu’il recouvre; le fait qu’il soit plus sain, moins cher, plus pratique car accessible en tout temps, plus hygiénique car ne demandant aucun équipement ou manipulations inutiles, etc. Bien qu’il s’agisse de vérités indiscutables, il n’en demeure pas moins que l’allaitement peut être associé à une pression énorme, à commencer par celle d’être entièrement responsable de la survie physique d’un bébé. Dans une situation où la détresse est déjà installée, la nécessité de devoir nourrir son enfant avec une fréquence et une régularité à laquelle on ne croit pas pouvoir se soustraire peut être vue comme un enchaînement et devenir intenable, surtout s’il y a une difficulté d’allaitement. La douleur insupportable associée à la présence de crevasses sur les mamelons, tétée après tétée, a un impact très fort sur le moral. Il est d’ailleurs documenté qu’une fois les crevasses guéries, la cotation sur l’échelle de dépression d’Édimbourg, baisse. 

Pour certaines mamans, allaiter est source de grande anxiété, mais elles auront en plus l’impression de «laisser tomber» leur bébé si elles décident d’arrêter ou de ne jamais commencer, ce qui provoque des cycles de pensées très négatives, parfois contradictoires. Ce sentiment d’échec peut être encore accru par les recommandations qui sont faites aux femmes vivant la difficulté maternelle: les hormones de l’allaitement ayant un effet apaisant prouvé, on les encourage souvent à allaiter. 

Une bonne mère fait ce qui est bon pour elle et pour son bébé après avoir exploré ses choix

Les mamans en détresse qui veulent conserver l’allaitement pourront bien sûr le faire avec de l’aide, à la fois avec du soutien technique si elles ont des difficultés physiques (engorgement, crevasses, candidose mammaire, hyperlactation etc.) et du soutien moral si elles vivent de l’anxiété ou de la culpabilité. 

Mais les mamans en détresse qui ne savent plus forcément ce qui est bon pour elles doivent pouvoir entendre ceci, de la part de leur famille, de leur conjoint.e, des professionnels autour d’elles et de notre part aussi: il est permis de ne pas allaiter. Il est permis et même souhaitable d’envisager des options et d’explorer ses choix, que ce soit l’allaitement mixte, le tire-allaitement, le lait maternisé, ou le fait de s’orienter vers la prise de médication compatible avec l’allaitement. 

Si vous êtes une maman très déprimée, il est possible que vous ne puissiez pas considérer l’option d’arrêter d’allaiter, tout comme vous n’avez pas nécessairement fait le choix conscient et éclairé d’allaiter ou de poursuivre l’allaitement...c’est que la détresse est souvent incompatible avec la clarté d’esprit, et aussi parce qu’il se peut que l’allaitement représente davantage pour vous que le fait de nourrir votre enfant si c’est par cet unique biais-là que vous avez l’impression que votre présence fait une différence. Si c’est le cas, n’hésitez-pas à aller chercher de l’aide pour naviguer à travers cela, et comprendre les origines d’une détermination qui peut vous occasionner une grande souffrance psychique. 

  • Si vous choisissez de ne pas allaiter, cela ne fait pas de vous une mauvaise mère 

  • Si vous décidez d’arrêter l’allaitement, cela ne fait pas de vous une mauvaise mère

  • Si vous avez des difficultés à allaiter, ça n’est pas parce que vous vous y prenez mal

  • Si vous n’aimez pas allaiter, ça ne veut pas dire que vous n’aimez pas votre enfant, 

  • Si la relation d’allaitement n’est pas simple, cela ne signifie pas que vous échouez là où toutes les mères réussissent «naturellement»

L’allaitement est toujours un sujet extrêmement sensible: certaines femmes auraient rêvé de pouvoir le faire et n’ont pas pu, d’autres ne peuvent tout simplement pas composer avec les dimensions physique et psychologique de la tétée. L’important est de pouvoir trouver le bon soutien pour passer à travers ces étapes sans culpabiliser.