4 questions fréquentes sur la détresse maternelle
La détresse maternelle, souvent cantonnée à la seule « dépression post-partum », est encore taboue et très peu évoquée dans les sphères publiques comme dans les sphères privées. Pourtant, plus on en connaîtra sur ses effets, plus on pourra appuyer les mamans et leur famille vers la reprise de leur équilibre. Nous avons listé pour vous les questions les plus fréquentes entourant cette condition.
1.Je pense que je vis de la détresse maternelle, est-ce que cela peut passer tout seul?
Trop souvent, on associe la détresse maternelle a un mal passager et presque inévitable : rappelons que la détresse maternelle n’est pas le baby blues, et qu’elle peut être très néfaste pour la maman et pour son bébé, ainsi que pour le lien d’attachement. Bien sûr, une partie des symptômes peut s’atténuer avec le temps et sans « action » particulière: bien qu’il soit impossible d’isoler le terrain hormonal et donc de mesurer exactement le rôle que joue « la descente d’hormones », on sait qu’elle est responsable, en partie, du déclenchement des vagues à l’âme des mamans. Mais justement, quand le « vague à l’âme » s’installe et s’intensifie, compter sur le seul rétablissement du climat hormonal pour ressentir un mieux-être profond et durable est un grand risque, et un risque inutile.
C’est pourquoi il vaut mieux miser sur une diversité de soutiens et des formes d’aide complémentaires pour aller mieux pour longtemps. C’est un travail d’équipe.
Vous êtes le rouage essentiel dans toute la mécanique de rétablissement : il y a des choses que vous pouvez faire qui pourront vous aider à vous sentir mieux. Certaines d’entre elles, que vous retrouverez ici, sont faciles et rapides à mettre en place.
Cependant, il serait très culpabilisant (et faux!) de faire croire aux mamans en détresse qu’elles ont en elles toutes les ressources pour s’en sortir sans aide extérieure.
2.Quand devrais-je consulter?
Il est parfois difficile de distinguer l’ajustement normal à la nouvelle vie de maman et la détresse maternelle, d’autant qu’il s’agit souvent d’un continuum. 85% des mamans ressentent une déprime passagère due à la chute d’hormones intervenant après la naissance : celle-ci peut arriver 2 ou 3 jours après l’accouchement, et dure 2 à 3 semaines. Les symptômes ne sont pas débilitants, et aucun traitement n’est requis puisque l’épisode se clôt de lui-même.
Si la vulnérabilité émotionnelle s’installe pour plus de 2 ou 3 semaines, ça n’est PAS le baby blues. Si les symptômes deviennent envahissants et vous empêchent de fonctionner, il est important de consulter sans attendre.
Vous avez un grand sentiment d’incompétence, d’inadéquation, et vous vous comparez beaucoup aux autres mamans (en vous dénigrant la plupart du temps)
Vous êtes irritable
Vous pleurez souvent
Vous ressentez une fatigue extrême
Vous avez de la difficulté à vous alimenter et à dormir, malgré la fatigue
Vous masquez beaucoup votre état et évitez certaines situations sociales
Vous avez de la difficulté à vous concentrer
Vous vous inquiétez du fait que vous ne connectez peut-être pas avec votre bébé comme vous le souhaiteriez
Vous ne retirez plus de plaisir des activités que vous appréciez habituellement
Vous ressentez une anxiété généralisée, surtout liée au bébé (vous vous inquiétez constamment pour sa survie, sa santé, son sommeil etc.)
Vous ressentez une peur, voire une terreur des pleurs de votre bébé
Vous avez peur d’être seule avec votre bébé
Vous avez peur qu’on vous prenne votre bébé si vous racontez comment vous vous sentez ou ce à quoi vous pensez réellement
Vous ressentez une grande culpabilité
Vous avez des sensations physiques comme des sensations d’étouffement, des palpitations, de l’inconfort digestif, des montées de transpiration etc.
Parfois vous pensez que cela serait mieux pour tout le monde si vous n’étiez pas là
Parfois vous vous imaginez que vous disparaissez, que vous dormez pour toujours, que vous vous enfuyez etc.
Parfois vous avez envie de mourir et vous pensez que votre bébé serait mieux sans vous.
Ces symptômes sont très difficiles à vivre, mais aussi incroyable que cela puisse paraître lorsqu’on est au milieu de la tempête, c’est possible d’aller mieux! Si vous croyez être aux prises avec la difficulté maternelle (qui sera peut-être qualifiée de dépression et /ou d’anxiété post-partum par un.e professionnel.lle de la santé), il se peut que vous ayez besoin de consulter un médecin. Nous pouvons aussi vous aider!
3.Je vis de la détresse maternelle, qu’est-ce qui peut m’aider?
Les plus souvent, c’est l’action conjuguée du support pratique aux tâches de la vie quotidienne (aussi appelé aide aux « relevailles »), de l’intervention psychosociale et de la thérapie individuelle adaptée, qui donne le meilleur résultat. Dans des cas sévères, il arrive aussi que la médication soit recommandée par le/la professionnel.le de santé.
La mise en mots de votre vécu ainsi que le partage de votre expérience avec d’autres femmes dans votre situation au sein d’un groupe peut également vous aider à vous sentir moins seule et à traverser cette étape difficile de votre vie : les thérapies de groupe sont très efficaces pour rompre l’isolement et renouer avec une forme d’équilibre comme l’explique notre article ‘un groupe thérapeutique peut-il m’aider?’. N’hésitez pas à consulter toutes les informations sur la participation à nos groupes Joia, des groupes thérapeutiques animés par une psychologue spécialisée en difficulté maternelle. Nous sommes là pour vous!
4.J’ai de la difficulté à connecter avec mon bébé, pourquoi et que faire?
Il arrive que la détresse maternelle s’accompagne de difficultés pour la maman à développer un attachement à son bébé. Si vous êtes en grande souffrance, il se peut que vous vous sentiez moins intéressée par votre bébé, c’est un des effets de votre situation. Sachez qu’il est normal de ne pas développer un attachement immédiat à son enfant dès la naissance, cela arrive à beaucoup de mamans qui ne se considèrent pas souffrantes. Trop souvent, nous pensons que devenir mère se fait naturellement, mais c’est un processus qui commence dès votre désir d’enfant et qui ne se termine pas soudainement lors de votre accouchement. Cette période de changement perdure plusieurs mois en post-partum et continue de vous rendre sensible à votre environnement, et émotive intérieurement. Tentez d’être bienveillante avec vous-même et de vous laisser le temps d’apprivoiser ce nouveau rôle. Restez le plus possible dans l’instant présent avec votre bébé et dites-vous que votre expérience est singulière et n’a pas à ressembler à celles que vous observez autour de vous. Tentez également de vous laisser le temps de rencontrer votre bébé, observez-le, même s’il vous paraît étranger ou peu démonstratif, tentez de rester consciente de vos gestes et de vos sens lorsque vous prenez soin de lui. Aussi, accueillez les émotions qu’il vous fait vivre. Ces émotions n’ont pas besoin d’être positives et il est normal qu’elles soient négatives ou encore ambivalentes.
Cependant, si le détachement perdure ou que vous considérez que vos émotions sont invivables, le recourt à l’aide d’un.e professionnel.le peut s’avérer nécessaire.
Si vous vous posez beaucoup de questions sur l’attachement difficile, n’hésitez pas à lire l’article entier que nous avons consacré au sujet.