Prendre soin de son couple malgré la détresse maternelle

Il est extrêmement difficile d'accorder une attention appropriée à son couple lorsqu’un bébé vient d’arriver, que le sommeil est limité et, a fortiori, lorsque la détresse maternelle est présente. Les repères du couple vacillent, ce qui peut réactiver les insécurités liées à l’attachement et provoquer des conflits conjugaux.   Il existe heureusement des moyens pour vous aider à vous connecter et à prendre soin l'un.e de l'autre, même dans les circonstances les plus difficiles.


La détresse maternelle a des répercussions importantes sur le couple- c’est normal

La détresse maternelle a un impact majeur sur les relations, et surtout sur la relation de couple- c’est tout à fait normal : on se sent facilement blessé.e, les pensées sont déformées, les intentions de l’autre sont mal interprétées, il y a beaucoup de confusions cognitives et émotionnelles... et il y a peu de place pour la joie. La manière dont on réagit au sentiment d’être attaqué.e par l’autre sera aussi influencée par nos stratégies d’attachement: certaines personnes se protègent en prenant une position de repli, font taire leurs émotions et nient leur besoin d’attachement, et d’autres vont crier plus fort pour recevoir une réponse de leur partenaire. 

L’une des étapes les plus importantes est de reconnaître que la situation n’est la faute de personne et que vous êtes ensemble dans une période difficile qui va finir par s’arranger.  Lorsqu’on est au cœur de quelque chose d'aussi complexe que la dépression post-partum ou la détresse maternelle, il peut être difficile de croire que du positif peut en découler; mais si comme couple vous êtes capables de continuer à partager vos insécurités respectives  pendant que vous traversez cette période difficile, vous pouvez en fait renforcer votre partenariat à long terme. De nombreux couples rapportent que la détresse maternelle et la dépression leur ont permis d’atteindre une relation plus forte, car ils se sont retrouvés au-delà des moments sombres avec un sentiment renouvelé d'intimité et d'affection l'un pour l'autre, et l’impression d’avoir remporté ensemble une bataille. 

Donnez le ton pour une meilleure communication entre vous

Créez des espaces sûrs pour communiquer, en reconnaissant l'état émotionnel de votre partenaire et tenter de rétablir la connexion sécurisante qui vous unit.  Par exemple: «Je sais que tu es fatigué.e, mais pouvons-nous parler un instant?»; ou «je sais que tu n’aimes pas avoir cette conversation, mais j'aurais besoin que tu m’écoutes quelques minutes» ou encore «je sais que tu as eu une journée difficile, mais j’aimerais te faire part de quelque chose qui m’inquiète». Montrez à votre partenaire que ses besoins émotionnels, ses besoins de connexion et de sécurité vous touchent.

Mettez des mots sur vos sentiments et parlez en termes de besoin: «je suis triste. » «J'ai peur. » «Je me sens seul.e. » «Je t’en veux. » «Je suis blessé.e. » «J’ai besoin d’être écouté.e. » «J’ai besoin d'être soutenu.e ou sécurisé.e». Ces déclarations au «je» aident à éviter que votre partenaire ne se sente blâmé.e ou critiqué.e et vous permettent d'entrer en contact avec vos émotions et vos besoins, et de les exprimer sainement. Votre partenaire peut également mieux vous comprendre au lieu de tenter de vous deviner. Parler avec lui de vos préoccupations liées à votre maternité ou à l’état de votre bébé. Tentez de faire équipe.

Exprimez de la gratitude. Être reconnaissant.e pour les actions de votre partenaire peut être difficile lorsque vous ne pensez pas que ses gestes répondent à vos besoins. Mais pour que votre partenaire se sente vu.e et entendu.e, il est essentiel de reconnaître ce qu’il ou elle fait de bien. Voici quelques moyens d'exprimer votre gratitude à votre partenaire: «Merci de ton attention.» « Merci d'être là. » «Merci d’avoir pris le relais.» «Merci de ta compréhension. » « Merci d'essayer de comprendre. » 

Rappelez vous que vos trajectoires sont différentes. Nous faisons toutes et tous les choses de manière différente et bien souvent, si vous êtes la personne qui reste à la maison avec le bébé, vous avez davantage d’occasions d’expérimenter les essais-erreurs dans votre parentalité que votre partenaire. Il s’agit donc d’éviter la critique et plutôt de partager votre expérience avec lui ou elle, et de tenter de le∕ laisser faire les siennes.

Gardez le partenaire «sain» en bonne santé

Si vous êtes une maman déprimée, il se peut que votre partenaire doive réaliser plus de tâches ménagères, assurer davantage de soins au nouveau bébé, et globalement assumer plus qu'une juste part de responsabilités. Une partie de ceci est inévitable lorsqu’ une des deux personnes souffre; mais il est essentiel que le ou la partenaire non-souffrant.e considère ses propres besoins émotionnels et physiques afin de renforcer la résilience et de gérer la crise avec une perspective saine. 

Le ou la partenaire de soutien n’a pas à se sentir coupable de faire des choix intelligents au nom de son propre bien-être mental, physique et émotionnel. N’hésitez pas à consulter notre article « comprendre la détresse maternelle quand on est un proche» pour en apprendre davantage sur comment prendre soin de soi comme proche aidant.e!

Conclusion

Il est essentiel de comprendre que la relation va s’enrichir en proportion directe avec l'attention qui lui sera accordée: il s’agit d’une phase douloureuse, d’une crise qui ne durera pas toujours; avec le bon accompagnement et les bons outils, votre famille pourrait sortir grandie de cet épisode.