Dépression postpartum masculine: quand c’est le papa qui souffre
Une étude réalisée en 2005 auprès de 26 000 parents indiquait que 4% des pères présentaient des symptômes dépressifs après l’arrivée d’un enfant. Même si on est loin d’atteindre les 25% de prévalence de la détresse maternelle, la dépression du papa est à prendre au sérieux: si elle n’est pas accompagnée ou traitée, elle peut entraîner des conséquences néfastes à long terme pour le père, son enfant et la famille dans son ensemble.
Une détresse qui passe sous le radar
Les chercheurs commencent à peine à comprendre l’expérience particulière de la dépression chez les hommes, et la recherche est encore davantage à la traîne en ce qui concerne la dépression postnatale.
Il y a cependant quelques caractéristiques qui sont désormais mieux connues:
En termes de dépression - en général - si vous êtes un homme, vous êtes plus susceptible qu'une femme d'essayer de cacher votre dépression et d’éviter de vous relier aux autres, ce qui ne fait qu'aggraver vos symptômes. Les chercheurs commencent également à découvrir que les hommes souffrent souvent de dépression d'une manière différente des femmes (ceci notamment à cause de la façon dont les rôles sociaux des genres ont été définis jusque dans l’expression et la manifestation des émotions des hommes et des femmes), et qu’ils font aussi face à leurs symptômes d’une façon différente: les hommes ne se reconnaissent souvent pas dans ce que tout le monde, y compris les professionnel.le.s de la santé mentale formé.e.s, associent à la dépression- soit la tristesse ou le désespoir. La tentation étant également forte de comparer en situation postnatale, le vécu des mères et des pères en détresse, on s’attend à ce que les papas en détresse vivent de la culpabilité; or, ce n’est pas ce qui les rejoint. Tout comme les mères, les pères qui vivent une dépression postpartum risquent donc de passer sous le radar- et parfois pour une raison similaire, celle d’associer la difficulté postpartum à la tristesse et d’associer la tristesse aux pleurs de manière assez schématique.
Des symptômes spécifiques qui requièrent une attention particulière
Les chercheurs - et les cliniciens spécialisés dans l'aide aux hommes - commencent donc à reconnaître des symptômes de dépression qui semblent être propres aux hommes, et notamment:
Augmentation de la colère et des conflits avec les autres
Augmentation de la consommation d'alcool ou d'autres drogues
Frustration ou irritabilité
Comportement violent
Perte de poids involontaire
Isolement de la famille et des amis
Impulsivité et prise de risques, comme la conduite imprudente et les relations sexuelles extraconjugales
Sensation de découragement
Symptômes physiques continus, tels que maux de tête, problèmes de digestion ou douleur
Problèmes de concentration et de motivation
Perte d'intérêt pour le travail, les loisirs et le sexe
Surinvestissement dans la sphère professionnelle
Inquiétudes accrues concernant la productivité et le fonctionnement à l'école ou au travail
Fatigue
(...)
Un homme déprimé ne ressentira pas forcément tous ces symptômes. Certains hommes n'en vivent que quelques-uns, tandis que d'autres en vivent beaucoup. L’intensité de ces symptômes varie également selon les hommes, et au fil du temps.
La chose importante à savoir sur ces symptômes c’est qu’il est possible de les adresser avec le bon accompagnement. Il est bien sûr tout à fait possible de se remettre d’une dépression, n’hésitez pas à parler à votre médecin si vous ne vous sentez plus vous-même après l’arrivée de votre enfant et si vous vous reconnaissez dans les symptômes énoncés plus haut. Vous vivez des changements majeurs dans votre vie et la paternité amène toujours son lot de nouvelles habitudes de vie, de responsabilités, et les inquiétudes qui peuvent en résulter, c’est naturel d’avoir besoin d’aide dans ces conditions!
Votre dépression pourrait avoir des effets néfastes sur le développement de votre enfant, c’est pourquoi il est important de consulter rapidement.
Des liens à faire avec la détresse maternelle
Bien qu’on en sache peu sur la détresse paternelle, on estime que des facteurs physiologiques peuvent être en cause: on sait par exemple que le taux de testostérone baisse pendant la grossesse, et on connaît déjà les lien entre la dépression chez l’homme et un taux de testostérone bas.
Mais le facteur qui influe le plus sur l’émergence de la dépression chez le nouveau père est le fait que la mère souffre déjà de détresse maternelle. Une étude a démontré que les nouveaux papas dont la partenaire souffrait de dépression avaient 2 fois plus de risque de vivre à leur tour une dépression. Ceci est extrêmement important à prendre en considération lorsqu’on sait que le père sera souvent la personne «désignée» pour s’occuper de l’enfant lorsque la mère est souffrante. Lorsque les deux parents sont en détresse, ce qui est donc une probabilité non négligeable, les impacts sur l’enfant peuvent être majeurs.
Si vous êtes un papa en souffrance qui vit avec une mère en difficulté, prenez action pour vous et votre famille: n’hésitez pas allez chercher de l’aide pour vous, vous en avez le droit absolu; et rappelez-vous que nous sommes là pour accompagner votre conjointe.